• Chemin de Compostelle - Le 18 Juillet 1999

    Dimanche

    Des éclairs et le canon a tonné toute la nuit. Dans ces contrées on envoie des boulets au ciel pour changer les conditions atmosphériques, faire venir la pluie.

    Tonneraient-ils autant du canon
    S’ils savaient qu’un vol de papillon
    A Paris provoque une tempête à Tokyo ?
    Toute la journée, toute la nuit
    Résonnent les salves dans l’indifférence
    La plus totale.

    Le soleil se lève, il caresse délicatement l’intimité de la terre. Il y a là grande jouissance, l’eau ruisselle de partout, c’est une cascade.
    Mettre la graine dans la bonne terre.
    Je vais à Padron, avant de retourner à Santiago.

    Cette ivresse de découvrir un pays à pieds
    Déjà ce fut des vagues rapprochées de bosses et de creux
    Les sommets chapotés de gros rochers
    Puis un autre col et c’est une vallée
    Elle bruisse de mille bruits, vibre sous la chaleur
    Elle est à la fois si lointaine et si proche
    Je pourrais prendre mille photos
    Qu’aucune ne serait messager
    De ce moment là.


    Au km 20, j’ai été applaudie. Les cyclistes ont une grande admiration pour le piéton voyageur. Comme les vieux et les paysans qui marchent encore, ils s’émerveillent...

    C’est l’heure de marcher un peu. Quand il pleut c’est l’heure de s’arrêter. Que je suis bien ici.

    Maintenant, il va être temps de trouver un coin pour la sieste à l’ombre.
    La nature c’est de la souffrance, du chaud, du froid, du sec, de l’humidité. L’équilibre se fait par l’échange des forces qui alors ne s’opposent plus…
    A travailler contre elles et non avec elles, nous avons tout perdu.

    Que fais-tu là, petit singe ? Lâche cette branche, cesse de t’agripper ainsi, viens je t’emmène au bord de la mer.


    Ici, comme en France, on me donne à boire. Je n’ai manqué de rien, Panadéria, Bar, Restaurant. J’ai lavé mon linge à la rivière, j’aurai bien du mettre de cette eau dans une bouteille pour mes ablutions.
    L’âme du chemin est toujours là. Je venais de demander de l’eau à une petite grand-mère et je pensais qu’il serait bien aussi que je lui demande l’heure, et voilà l’horloge de l’église qui sonne, il est la siété.


    Ah, la danse des parfums dans la descente. Chaque virage dorant sa bosse au soleil exalte les fortes senteurs : eucalyptus, pins, châtaigner et tant d’autres… Dans l’ombre, les saveurs se font moites, tendres, subtiles. Et tu allais oublier le parfum du jasmin et des rosiers et encore les seringuas.

    Voilà, la journée se termine. J’ai bien marché, plus que ce que j’avais prévu. Demain Noïa.

    Ce soir, je suis dans un creux, hier j’étais au sommet

    Qué hora ? J’en sais rien et suis trop loin pour entendre l’horloge.

     

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