• Chemin de Compostelle - Le 24 Mai 1999

    Ils dorment encore, sans bruit je quitte la chambre, le jour se lève à peine. Ils me rejoindront, plus tard, sur la route qui mène à Bergerac.

    Je n’ai qu’une vague idée de la direction pour sortir de la ville, il me faut avant tout me renseigner, ne surtout pas aller me perdre dans les quartiers périphériques. C’est à la première heure, que tout se joue.

    La rue est déserte, sont ils encore tous couchés ? Je me mets en quête d’un lève-tôt.
    Il arrive une baguette à la main, l’air très gai. Nous avons fait un bout de chemin ensemble, il m’a mise comme qui dirait en selle et le voilà qui s’éloigne.
    Je jette un coup d’œil alentour, en un éclat de rire, pas de pie malheur à l’horizon, rien ne vient ternir la promesse d'une belle journée.

     

    Le pas est léger, le corps tout entier dans cette harmonie. La petite route descend dans un sous bois, bordée de talus rafraîchis d’eaux claires et vives. Des fleurs s'épanouissent au milieu d’herbes folles. Elles sont si belles !

    Douceur dans la rigueur, force dans la vulnérabilité, la beauté est le mouvement et l’immobilité unis dans le jeu de l'amour. Paradoxe insaisissable... Le pas poursuit, léger, et la tête laisse aller.


    A deux kilomètres de Manzac j’ai entendu la voiture arriver. Nous avons chargé le sac, c’est difficile, le coffre est trop petit, cela demande un effort qui porte ses tensions. Cela me fait penser à un cadavre que nous serions entrain de dissimuler. La chose accomplie, nous avons cherché un endroit pour pique-niquer.

    C'est plus compliqué en voiture qu’à pieds, et le coin que nous avons fini par trouver est infesté de moustiques. Vite, nous décampons en direction de Bergerac.

    Visite de la ville. Une course de vélos « comme la veille du jour où tu es née, dit maman, il faisait chaud comme aujourd’hui... ». Papa offre son coup à boire. C’est une tradition, en ballade, c’est lui qui sort le porte-monnaie.

    Puis nous avons rejoint le camping. Il est au bord de la Dordogne. Au plus près, j’ai monté la tente. Nous avons partagé le temps et le pain, avec les canards. De l’autre coté de la rive, la ville se dore au soleil comme une femme alanguie.

    Deux gamins, le frère et la sœur, sont passés en vélo. Ils se sont arrêtés pour discuter. Ils sont curieux de tout, Man et Pa, font les réponses, ils parlent de ce chemin, le souci mêlé à la fierté, ils sont comme ça. Mais le temps passe, et les marmailles tapent l’incruste. Mamy et Papy sont partis rejoindre Périgueux qu’ils sont encore là.

    Plus envie de parler, plus de force pour cela, besoin de me retrouver seule. Je leur demande de partir.

     

    En voilà un qui arrive en canoë, il s’installe plus près de l’eau encore. Chacun dans son intimité s’active à préparer son dîner. Il est là, et aussi, il ne l’est pas, j’aime cela.

     

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