• Qu’y aurait-il à craindre qui ne serait pas juste ?

    Le monde que font les hommes, c’est sûr !

    Surtout ne pas se laisser rattraper par ce mensonge

    Pas d’autre solution que de le voir, ne jamais le quitter du regard.

     

    L’enfant avait peur,  descendant à la cave

    On l’envoyait tirer le cidre

    Elle savait dans l’ombre tous les dangers

    Elle les entendait comploter.

     

    Alors, pour les impressionner, les tenir à distance

    Elle inventait des langages, parlait haut et fort

    En ces mots bizarres, sans queue ni tête

    Puis elle s’échappait, furtive.

     

    Les dernières marches, les plus dangereuses

    C’était là qu’ils l’attendaient

    La peur lui donnait des ailes.

     

    De la nature, elle n’a jamais rien craint

    Aimant les tempêtes, les orages

    Les sens en alerte, la vie sur le fil coupant

    Aussi palpitante que le cœur de la biche aux abois

    Bruissante de parfums, lourds, légers

    Être la montagne, la vague, ces étendues vierges...

     

    Déjà publié ici


    votre commentaire
  •  

    Dans la vaste plaine

    Un moulin

    Le meunier a déserté

    Plus de grain à moudre

    Les grandes ailes bloquées.

     

    Longtemps, je l’ai entendu gémir

    Toute sa carcasse en souffrance

    Et puis…

     

    Un jour de tempête

    Vint à passer dans la nuit

    Une ombre, au matin un ami

    A midi, une si grande intimité

    Le soir venu, toutes les vieilles pierres

    Chuchotaient d’allégresse

     

    Et ce n’est pas que du grain

    Fut à nouveau à moudre

    Temps révolu !

    Chaque fibre de bois, chaque molécule

    Au cœur de la matière

    Voilà, ce que le moulin se mit à entendre

     

    Et lorsque le vent s’approchait encore

    Tous les temps en même temps. 

     

     

    Déjà publié ici


    votre commentaire
  • Je connaissais si bien cette déchirure

    Qui fait le morcellement à vif

    Dans les cris retenus

    Je connaissais si bien la vie qui n'est qu'une lutte

    La peur aux trousses

    Cela fait de chaque pas, un acte héroïque

    Porter toute la misère sur son dos

    Ployer sous cette masse

    Des générations et des générations

    D'errements, de malheurs, d'espoirs,

    S'étaient données rendez-vous ici.

     

    Mais... aussi...

    Ce souvenir, têtu, d'autre chose que ce "sans choix" mortifère

    Qui racle et écume les jours, les nuits et finit dans l'auto-apitoiement

    Autre chose qui ne peut être que dans la relation

    La relation véritable

    Têtu, puisque cela ne se trouvait pas, ne s'accomplissait pas.

     

    Voilà où je t'attendais

    Où je t'ai rencontré

    Où je te vois

    Où je t'entends

    Où je te sens

    Si doux chant de mon amour

    Dans toute cette transparence cristalline.

     

    Déjà publié ici


    votre commentaire
  • Il y a bien longtemps, ourse j’étais. Une grande femelle, lourde et habile, à la fourrure douce comme les marrons sortis de la coque brune.

    Je le sais… pour tout ce que j’aime.

     

    Cette vie solitaire entre rencontre et maternité, tout dans l’absolu du service à la vie.

    Le temps consacré aux petits, et rien d’autre que cette tâche à les faire grandir. Après quoi, les laisser partir, et même les chasser de mon territoire.

    Le temps consacré au mâle, en résonances puissantes, en appels sourds, furtivement humer son parfum, et décider de celui-ci, parmi tous les autres. Après quoi le laisser partir, et même le chasser.

    Et pour lien dans ce tempo duel, libres, sauvages, mes pas.

    Qui sait que le pied qui se pose, respire la terre ?

    Qui sait, que chaque poil, respire au loin, des terres vierges ?

    Je le sais, viscéralement.

     

    Quand une autre fois, je me suis vue naître dans cette peau nue et rose, ne trouvant rien des odeurs de ma montagne/forêt, cela fut un tel tremblement que j’enfouis tous ces souvenirs dans la chair de ma chair.

    Et voilà, que la voix me parle à nouveau, de mes terres natales, là dans le ventre, qui ne fut que l’antre d’un long hivernage.

     

    Déjà publié ici

     


    votre commentaire
  •  Elle voulait voir l'étendue des dégâts

    Voir, et ce n'est pas trembler

    Ni fuir dans le désespoir

    Ni se rattraper aux branches des "croires"

    État de nudité où l'on naît et meurt

    Où le rire est rire

    Où pleurer est pleurer

    Où la force n'est tordue par aucun artifice

    Le vivant sans imposition.

     

    En soi, un indicateur du niveau d'authenticité

    Pour chaque instant, en chaque acteur présent

    Si beaux moments, où le vrai ose se montrer

    Où les morts-vivants sont animés par ce feu

    Qui les dévore de l'intérieur inexorablement

    Danse de feux-follets en toute liberté

    Puisqu'il n'y en a pas d'autre que celle

    D'être consumé, et qu'il n'y a d'autre choix

    Que de se donner à soi, c'est se donner au monde.

     

    Déjà publié ici

     


    votre commentaire
  • "Un pan entier s’effondra dans le silence

    Sans une larme, sans un cri

    Ils avaient tué le Jésus, l’ami, le beau !"

     

    Ce qui a été cassé ce jour-là, de la mort du Jésus ?

    Le dialogue intime que l'enfant produisait avec celui-là, le seul avec qui elle eut envie de parler, et cela était bien marcher avec lui.

    Couper en elle, couper la source, couper le flux vivant.

    Tout un chemin de vie pour retrouver ce qui n'appartient à aucun, cette conversation avec le monde qui nous fait, que chacun de nous est unique au plus profond et ne rencontre l'autre qu'au prix de sa propre reconnexion.

    C'est dans cet échange silencieux en soi, et certains le mettent en mots, d'autres en musique, ou en couleurs, jeux d'ombres et de lumières, d'autres encore ne font rien de tout cela, mais qu'importe, tous ou presque, produisent du rêve pour les enfants à venir.

     

    Déjà publié ici et ici

     


    votre commentaire
  • Combien de fois devant l’adversité des relations humaines, me suis-je recoquillée, enfoncée au fond de mon bois ?

     

    Ça a commencé toute petite, regarder les humains, éberluée, témoin silencieux de ce monde sans amour.

    Cela ne faisait pas la plainte, ni l’attente, juste le constat…

    Ils ne savent pas l’amour, et pourtant, en parler autant.

     

    On lui raconta cette histoire du Jésus

    Ah, celui-là parlait d’un autre ventre

    Il accomplissait

    Franchissait les barrières

    Il passait et elle marchait avec lui

    Depuis toujours.

     

    Et puis, ce jour…

    Nous étions un groupe d’enfants

    Six ou sept ans

    Venant toutes les semaines dans cette maison

    Me souvient vaguement de cette femme

    Qui nous faisait le catéchisme

    Elle dit cela comme s’il ne se passait rien de spécial

    Juste faire la morale.

     

    "Il est mort, en croix, pour nous"

     

    Un pan entier s’effondra dans le silence

    Sans une larme, sans un cri

    Ils avaient tué le Jésus, l’ami, le beau !

     

     

    Déjà publié ici


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique