• De Duras à La Réole, plus de souvenir, elle a marché. L’orage menaçait,  lorsqu’elle est entrée dans la ville, il vibrait l’air, et le ciel ne cessait de s’assombrir. Au syndicat d’initiative, une jeune fille lui a donné l’adresse d’une personne qui reçoit des pèlerins.


    J’ai eu quelques difficultés à trouver la maison, mais enfin c’est chose faîte. Un chien se déchaîne derrière la porte, un gros chien à entendre le timbre de sa voix. Personne ne vient m’ouvrir, mais c’est bien là, devant l’entrée une maisonnette avec coquille signale le repère.

    Alors que la pluie commence à tomber, ils sont arrivés. Ici, tradition chrétienne oblige, on se consacre à chaque pèlerin avec entrain selon un plan bien établi.

    Pendant que Jeanne prépare le repas, je prends un bain. Ces moments rares sont très appréciés. Je plonge, avec délice, dans l’eau chaude et parfumée. Comme une myriade de bulles qui jailliraient d’un jacuzzi, les tensions viennent éclater à la surface. Ne reste plus qu’un état de relâchement qui appelle le repos.
    Impossible de refuser le repas, et celui-ci fini, je n’ose demander à monter au lit, Michel a tant de choses à raconter. Il parle, il parle, je me traîne d’un propos à l’autre, la chienne ne cessant de me grogner dessus.

    C’est, paraît-il, dans ses habitudes. Ses maîtres accueillent l’étranger, et elle, montre les crocs. C’est déconcertant.

    Enfin, on m’envoie me coucher.

     

    Toute la nuit, l’orage a déversé des trombes d’eau. Trop chaud, trop enfermé, je reste coincée dans l’inconfort d’un sommeil qui ne vient pas.

     


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  • Réveil à 6 heures, le soleil se lève dans un ciel vacuité, j’aperçois près de ma couche un crapaud. Il est plus apeuré que moi le bougre. Hier, j’ai entendu parler du sort qu’on leur réserve dans cette maison, alors, je m’emploie à le chasser de la véranda. Mais l’animal ne comprend pas, il ne semble pas savoir que je cherche à le sauver, et il résiste là où il lui faudrait prendre la poutre d’escampette. Je n’ose pas y mettre les mains, un crapaud quand même ça doit donner des boutons ! C’est à l’aide d’un balai que je réussis à le mettre sur le chemin de sa liberté.

    Le coup du baiser ? J’ai pas essayé, qu’est ce que je ferai avec un prince charmant dans cette aventure ?

     

    Parfois, comme en ce matin si beau, vrai, elle marche, c’est à peine si elle touche le sol. Le sac n’est plus, alors, un poids sur les épaules qui écrase et tasse, il se dresse droit dans le ciel, et le bâton fend une eau qui chante.

    Soudain, à la sortie d’un virage, une horde sauvage. Elle se frotte les yeux, s’arrête, les comptent, ils sont plus d’une dizaine. Certains à petits trots, d’autres au pas, ils avancent sur la route en toute liberté. Ils la dépassent, un seul corps; encore étourdie par la vision, elle se dit qu’il faut faire quelque chose,  une voiture pourrait arriver à vive allure et ce serait l’accident.

    Pas "âme qui vive" à l’horizon, plus loin sur une route adjacente qui serpente un mont, une maison. Elle sonne à la porte, après un long moment une femme vient ouvrir. C’est la sœur du propriétaire des chevaux, elle prend l’affaire en main et remercie.

     

    Achats à La Sauvetat du Dropt, l’église était ouverte. Les paysans se pressent pour rentrer les foins, de l’orage est prévu pour ce soir.

    J’arrive de bonne heure à Duras. Une nouvelle fois, impossible de trouver la carte IGN. Le camping est fermé. Au château, on me dit que je peux m’y installer, qu’un employé municipal viendra m’ouvrir les sanitaires.


    Les tours s’élèvent au ciel, les murailles affrontent les fossés, le camping est là, sur le chemin de ronde.

    Il est trop tard pour faire la visite du château, en d’autres temps j’aurais ragé. Je ne pouvais passer près d’une chose "digne d’intérêt", sans vouloir à tout prix en profiter, pas devenir propriétaire, mais goûter, toucher, découvrir, et cela depuis l’enfance. Je me souviens de moments de frustrations si grands.

    Ce soir, ce n’est pas la fatigue, c’est sans importance, rien ne manque. Le château est là, avec tous ses secrets. Je crois bien que je les entends se murmurer…

    Il y a eu sur le coup de 20 heures, une grande affluence. Le camping c’est aussi le parc public, au moins à cette époque où il est fermé. Les habitants viennent y flâner, et profiter du coucher de soleil. Celui-ci avec son chien, celle là avec mère grand, un petit groupe de familiers papote un peu plus loin, tous sont très surpris de me trouver installée ici. Mais déjà on m’oublie, c’est que ce soir, le couchant n’en finit pas de parer le ciel de pourpres couleurs. Chaque soir…, on ne s’habitue pas à tant de beauté.

     

    Dans des rougeoiements enflammant tout le ciel, la terre a basculé du coté de son ombre, elle a plongé inexorablement dans la grande nuit. Le témoin est saisi, ce moment est unique. Il plonge dans ce mouvement de la terre qui n’en finit pas de se tourner vers son ombre, et de s'en extirper.

    Et puis, au milieu de la nuit, le témoin s’éveille : lune est au zénith, accompagnée de deux sentinelles, l’une d’entre elle tellement lumineuse.

     


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  • Journée très chaude. Passé St Innocence, je commence à traîner la patte. J’approche d’une propriété qui a fière allure, de l’ancien retapé avec colombages et autres spécificités de la région.

    « Ça sent le fric ! » C’est sorti tout seul. C’est fou tout ce qui peut s’exprimer en un si bref instant, le contact, la sensation, le désir, et la réaction à ce désir. Et de me dire que ces gens là, qui habitent là, ne peuvent être que des bourgeois …

    Sur ce grand terrain paysagé, un homme tond la pelouse juché sur un tracteur. Il me regarde approcher, arrête le moteur, et me souhaite le bonsoir. Le discours intérieur stoppe net, avec le bruit de l’engin qui cesse.

    « Vous allez loin comme ça ? »


    J’ai passé la soirée, en cette belle demeure, accueillie par Marie Odile et Bertrand. L’accueil, ils connaissent, de leur logis ils ont fait un lieu de vie pour jeunes mères célibataires. J’ai profité de la piscine avec les enfants. Nous avons dîné tous ensemble. Un peu plus tard, j’ai rejoint la terrasse où j’ai dormi pour une "belle étoile" abritée.

    Le soleil se couche en des couleurs éclatantes, alors que Vénus resplendit dans toute cette lumière, tout près d’un premier quartier de lune.

     

    Elle s’endort, riant de la farce qui vient de se jouer, contente de se voir si parfaitement découverte, mise à nue dans son conditionnement qui fait les désirs refoulés. C’est une libération. Voir, ne participe pas du contact qui nécessairement induit la chaîne des causes à effets. Étonnant ça…

    Sourire aux anges.

     


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  • Ils dorment encore, sans bruit je quitte la chambre, le jour se lève à peine. Ils me rejoindront, plus tard, sur la route qui mène à Bergerac.

    Je n’ai qu’une vague idée de la direction pour sortir de la ville, il me faut avant tout me renseigner, ne surtout pas aller me perdre dans les quartiers périphériques. C’est à la première heure, que tout se joue.

    La rue est déserte, sont ils encore tous couchés ? Je me mets en quête d’un lève-tôt.
    Il arrive une baguette à la main, l’air très gai. Nous avons fait un bout de chemin ensemble, il m’a mise comme qui dirait en selle et le voilà qui s’éloigne.
    Je jette un coup d’œil alentour, en un éclat de rire, pas de pie malheur à l’horizon, rien ne vient ternir la promesse d'une belle journée.

     

    Le pas est léger, le corps tout entier dans cette harmonie. La petite route descend dans un sous bois, bordée de talus rafraîchis d’eaux claires et vives. Des fleurs s'épanouissent au milieu d’herbes folles. Elles sont si belles !

    Douceur dans la rigueur, force dans la vulnérabilité, la beauté est le mouvement et l’immobilité unis dans le jeu de l'amour. Paradoxe insaisissable... Le pas poursuit, léger, et la tête laisse aller.


    A deux kilomètres de Manzac j’ai entendu la voiture arriver. Nous avons chargé le sac, c’est difficile, le coffre est trop petit, cela demande un effort qui porte ses tensions. Cela me fait penser à un cadavre que nous serions entrain de dissimuler. La chose accomplie, nous avons cherché un endroit pour pique-niquer.

    C'est plus compliqué en voiture qu’à pieds, et le coin que nous avons fini par trouver est infesté de moustiques. Vite, nous décampons en direction de Bergerac.

    Visite de la ville. Une course de vélos « comme la veille du jour où tu es née, dit maman, il faisait chaud comme aujourd’hui... ». Papa offre son coup à boire. C’est une tradition, en ballade, c’est lui qui sort le porte-monnaie.

    Puis nous avons rejoint le camping. Il est au bord de la Dordogne. Au plus près, j’ai monté la tente. Nous avons partagé le temps et le pain, avec les canards. De l’autre coté de la rive, la ville se dore au soleil comme une femme alanguie.

    Deux gamins, le frère et la sœur, sont passés en vélo. Ils se sont arrêtés pour discuter. Ils sont curieux de tout, Man et Pa, font les réponses, ils parlent de ce chemin, le souci mêlé à la fierté, ils sont comme ça. Mais le temps passe, et les marmailles tapent l’incruste. Mamy et Papy sont partis rejoindre Périgueux qu’ils sont encore là.

    Plus envie de parler, plus de force pour cela, besoin de me retrouver seule. Je leur demande de partir.

     

    En voilà un qui arrive en canoë, il s’installe plus près de l’eau encore. Chacun dans son intimité s’active à préparer son dîner. Il est là, et aussi, il ne l’est pas, j’aime cela.

     


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  • Un rayon de soleil pénètre la fente du volet. L’œil entrouvert se referme. Le corps parfaitement détendu s’absente, flottement entre les deux draps, blancs si blancs.

    La chaleur se fait moiteur et me tire du lit. A peine ai-je posé le pied au sol que la faim me tiraille l’estomac. Il est temps de refaire surface.


    Découverte de Périgueux l’antique, quelques achats pour un éventuel pique-nique, ce soir ou demain, nous verrons bien.

    Maintenant, j’attends.

     

    Je les attends installée devant la fenêtre qui plonge sur la place de la gare,  où nous devons nous retrouver. Le centre ville est fermé pour la brocante et le marché aux fleurs. Peut être auront-ils des difficultés à venir, jusqu’ici ? Cela pourrait mettre papy de mauvaise humeur que tout ce qui lui échappe, fait énervement…

     

    Glissement, c’était aussi un dimanche. Et ils sont arrivés dans la 4CV verte. Cette joie de les retrouver ! C’est que la petite n’avait rien dit, mais qu’est-ce qu’elle se sentait mal dans cette colonie. Étrangère, si seule dans cette collectivité. Et puis la lumière le soir que la monitrice laissait allumée parce qu’il y en avait un qui avait peur de l’obscurité, des heures pour s’endormir ! De la terrasse, je les vois, papa est descendu le premier, s’est accroché à la galerie et maintenant il secoue la petite voiture, ça c’est quand il est de bonne humeur. L’émotion ça vous étreint la gorge quand on ne peut pas dire, alors j’ai pleuré, et vite j’ai caché mes larmes.

     

    Ils sont arrivés juste à l’heure dite, au moment précis où je descendais les attendre devant la gare.

    Nous avons été en ballade dans Périgueux renaissance.

     

    Dîner, au restaurant de l’hôtel, avec un bon vin et un grand café. On peut goûter en cet endroit des arômes du monde entier.

    Nous avons partagé la même chambre. Nous avons ri comme des enfants, vraiment, et nous avons fini par nous endormir.

     


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  • J’ai repris la D8, route Napoléon, marchant dans les pas d’hier, l’étroitesse de la chaussée, la circulation, le bitume qui chauffe les pieds…

    A Périgueux, "Mamy-Papy" doivent me rejoindre pour passer le week-end. C’est toujours la même histoire, j’ai promis de donner des nouvelles, aussi je téléphone régulièrement. Puis j’ai eu l’idée de leur demander de m’envoyer mes vieilles chaussures de randonnée, poste restante à Périgueux, et voilà, ils ont décidé de cette visite. J’attends un soulagement avec mes anciennes chaussures, et puis finalement, je suis contente de les voir bientôt. J’ai proposé de trouver un hébergement pour nous trois, aujourd’hui je m’emploierai à cette tâche.


    Je dépasse le camping de Haras la Forêt, sans m’arrêter. Je fais une tentative à un camping à la ferme, quelques kilomètres plus loin. J’ai sonné, sonné sous la pluie, personne n’est sorti du château hormis les chiens qui gueulaient très fort. Un détour pour un camping louant caravanes qui affiche une pub sur la départementale… les ferrailleurs du coin !

     

    Arrivée à Périgueux, saucée plus d’une fois. Premier arrêt dans une cafétéria où je prends un café et un croissant. La serveuse m’indique la direction pour rejoindre un "F1". Là, début d’un long périple, d’un bout à l’autre de la ville, passant par les hôtels bon marché, tous complets, au camping de l’Isle qui vient de changer de propriétaire…
    Périgueux, le creux, Périgueux la gueuse, n’attache pas ton cœur…
    J’abandonne mes recherches, je viens de voir un lavomatique. Après tout j’ai besoin de repos et j’ai du linge à laver. Je pousse la porte du petit local.


    «Alors vous êtes comme nous, vous êtes du voyage !» Ce ne sont pas des paroles en l’air, elle est vraiment en train de me dire : «Tu es des nôtres».

    Elle m’a saluée dès mon entrée, et les enfants aussi. Elle attendait que sa lessive se termine, avec elle quatre petites filles, les plus âgées étant deux jumelles d’une dizaine d’années, la plus jeune un bébé de quelques mois. Elle a voulu savoir ce que je fais avec ce sac sur le dos.

    Sa réaction est si joyeuse. J’aimerai lui dire que depuis toujours, ce toujours qui donne l’impression de venir d’une autre fois, je les suis du regard, eux, les voyageurs au long court, mais je ne sais pas les mots. Lui dire que je porte au plus profond ce mystérieux appel qui parle de la beauté des paysages défilants à pas lents, de l’ivresse des sensations ouvertes à l’inconnu, d’un chemin qui ne fait que passer. Lui dire, encore, qu’elle me touche profondément par ces mots simples et directs, par sa présence, sa musique, son parfum… Ce se serait trop compliqué, alors juste je reste là, à l’écouter.

    Elle me parle de sa vie, des difficultés. Elle, pour les enfants, aimerait devenir sédentaire, pour l’école, pour le linge, pour l’avenir, mais son mari ne veut pas.

    Le mari, le voici qui arrive, avec le fils. Le gamin a un oisillon apeuré dans les mains, les filles se bousculent pour le voir. La mère fait remarquer que la dernière fois, le petit oiseau est mort. Le père dit : «C’est bon, je vais le relâcher». Le gamin ne veut pas, il crie, pleure, insulte. Puis tout se calme, enfin, autant qu’il est possible quand on est enfermé à huit dans un petit local surchauffé.

    Le père décide d’aller attendre dans la voiture. Il est méfiant, distant. Sa femme lui a parlé de moi, mais il m’ignore.

    Elle, elle est confiante, ouverte, elle ne craint rien. Elle est belle, mince, souple, elle semble si jeune pour être la mère de six enfants, l’aînée est restée au camp.

    Le petit garçon a un statut particulier. Il va et vient, agaçant les filles, sans qu’aucune remarque ne lui soit adressée. Les filles, aussi, sont rudes dans leur façon de se parler : « Toi, la jumelle, tais toi ! ». C’est une lutte incessante pour se dire, pour être entendu.

    Elles me font des dessins, elles veulent me montrer ce qu’elles savent faire, écrire, compter. Le petit coq veut prendre toute la place, il prétend tout savoir, et il se trompe. Sa mère lui donne la juste réponse à une question de calcul qu’il a introduit dans la conversation. Mais celui-ci conteste toute aptitude maternelle :     « D’abord toi t'es nulle, tu sais rien ! ». Quand je lui fais remarquer, que quoi qu’il puisse en dire, c’est sa mère qui a raison, il est interloqué. Nous nous regardons, va-t-il se fâcher, appeler son père à la rescousse ? Rien de tout cela, à mon tour d’être surprise. Du haut de ces cinq ans, il me jauge, longtemps. Et le voilà qui change complètement d’attitude, il interroge, demande des explications, et, il écoute avec attention.
    Il n’y a plus de prospectus publicitaires sur le comptoir. La machine a fini de tourner, le linge est mis dans les baquets, les enfants s’installent puis ressortent de la voiture un grand nombre de fois. Les jumelles me donnent les dessins, tous les dessins. La voiture démarre, les mains s’agitent. Le sèche-linge ronronne dans le silence de leur absence.


    A l’office de tourisme j’apprends que ce week-end il y a une manifestation, avec marché aux puces et autres réjouissances, voilà la cause de ce manque d’hébergement!  J’ai du insister pour avoir une liste des hôtels, ma dégaine sûrement, nous n’avons pas tous l’âme bohémienne.

    Face à la gare, je trouve une chambre, que je réserve aussi pour demain.

     


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  • L’association "Partage" œuvre pour la réinsertion des grands paumés dans un ancien couvent. A l’occasion ils hébergent des pèlerins. L’accueillant, c’est ainsi qu’il s’est nommé, m’a présenté les activités, le projet.

    C’est toujours le même discours, je le connais, je l’ai pratiqué, y est cru, et finalement.... Bon, nous partageons le petit déjeuner. Il me demande si je suis une religieuse, et, si "ce bâton" a quelques utilités ? Non, je ne suis pas religieuse, oui le bâton est utile. Il aide dans les montées et marque le tempo de la marche. Et puis, (mais ça je ne lui dis pas), ce bâton est mon compagnon. Nous nous sommes trouvés, éprouvés l’un à l’autre, partageant tout depuis ce jour dans la forêt, son âme de bois veille nuits et jours.

     

    Avec cette rencontre, ces certitudes qui s'affichent, le mépris perceptible derrière un air "bien comme il faut", la question du social vient s’immiscer dans ce voyage au bout du bout. Et me voilà à frapper la question au rythme de mes pas.

    Pour cet homme aucun doute, les pauvres, les chômeurs, doivent se bouger le cul pour réintégrer les forces vives, et on va les aider à ça ! Question d’éducation, question de formation, question de soins. Le manque de travail ? Personne ne semble remarquer que du temps où le système avait besoin de bras, les travailleurs étaient parfaitement adaptés.

    J’avais pensé avec cet engagement dans le social (le mien) participer à plus de justice, jusqu’à me rendre compte du marché de dupes, voir le mensonge. Car en vérité, il ne s’agit que de contrôle social, et ce à tous les niveaux, celui de l’assistanat, celui de l’éducation, celui de la relation d’aide. De quoi écrire un livre, ces maltraitances faites au nom de l’assistance à enfants en danger ! Ainsi va la marche de ce monde…

     

    De Thiviers à Périgueux, la départementale porte le nom de route Napoléon, elle est toute droite, enfin jusqu’à Sorges c’est ennuyeux mais tranquille.

    Sorges est un cocon vide, les fontaines n’y crachent plus qu’un liquide impur. Ailleurs aussi, les fontaines se sont tues, mais ici impossible de trouver de l’eau, on me ballade d’un point à un autre, et je ne trouve que des robinets condamnés. Pareil pour le téléphone, pas de cabine, il faut attendre que la poste ouvre. Je m’entête, je ne partirai d’ici qu’après avoir pu téléphoner et la gourde pleine.

    Je m’installe sur un banc, à l’ombre d’un bosquet face au bureau des PTT. Il est début de l’après midi, on dirait qu’ils font tous la sieste. Puis une petite grand-mère est sortie avec sa canne, à pas menus. Elle ne m’a pas vue. Je l’entends papoter avec une voisine. La place s’anime peu à peu, comme des souris qui sortiraient de leur trou. Il y en a celui qui va vers une voiture qui laisse tourner le moteur, retournant chercher quelques objets dans la maison. Il y a la postière qui sort prendre un sac dans sa Peugeot. Une autre observe du coin de l’œil, l’étrangère à ce lieu.


    Le téléphone de la poste était en dérangement. Pour trouver de l’eau il m’a fallu me rendre à la mairie, suis restée coincée dans la porte avec mon barda. Un employé a du ouvrir les deux battants, si non j’y étais encore.

    De Sorges à Périgueux la route Napoléon devient la route de la mort. Pas de place sur le bas coté, la circulation est dense et rapide. J’avance.

    A un carrefour, au volant de sa camionnette, un homme me sourit. Vrai, je lui trouve une bouille sympathique, le premier sourire de la journée, je m’empresse de lui répondre. Je le retrouve un peu loin, il m’attend, il m’appelle : « Viens, viens.. », il est entrain de se masturber. Oui, ce n’est pas si simple un sourire !

    Et maintenant cette femme, dans ce café minable qui ne sait rien, pas même la douceur de la voix, la tendresse des yeux. Tout aussi désagréable que celle de ce matin qui n’avait pas de toilettes dans son débit de boisson.

    Foutue journée, inutile d’insister ! Je m’arrête. Je monte la tente dans un sous bois et vite, vite, je m’endors…

     


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