• Quand ce monde a disparu

    Tu sais, tout était devenu tellement faux et artificiel, contre-nature.

    Les apparences pour donner l'illusion de la continuité, ils appelaient ça le progrès, alors ça clignotait de tous les cotés.

    Les techniques faisant encore fonctionner la machine.

    Sur les écrans des infos en boucle, ça parlait de consommer.

    Des gros tas de foie gras dressés à l'assaut du ciel.

     

    Je me souviens...

    Elle était là, les bras ballants :

    « Ah, j'aurai tant voulu avoir une famille, comme toutes les autres ! » 

    Mince alors, c'est quoi une famille comme toutes les autres ? 

    J'ai sorti mon catalogue, tourné les pages, lui montrer des images.

    « Une famille, m'a t-elle soufflé où l'on est tous ensemble pour fêter Noël... » 

    Tous ensemble ? 

    « Oui, plus de dispute, un moment de paix et d'amour. » 

    Bon sang, elle était sourde. Elle n'entendait pas les corps qui grondaient, les pensées qui se bousculaient, les tristesses, les peurs, les arrogances. En fait, elle ne voulait surtout pas entendre, elle voulait oublier, s'oublier comme une vieille dans sa couche. 

     

    Il ne faut pas avoir de regret, ce monde était arrivé à son terme.

    Maintenant, marchons veux-tu ?

    Nous ne pouvons plus nous perdre, ce temps révolu à signer en nous cette vérité vivante que ce n'est jamais d'une personne à une autre personne. Nous ne pourrons plus oublier que c'est par l'intermédiaire du monde que cela se fait, que cela agit. Eux ils n'ont jamais réussi à s'en souvenir. Ils se dressaient les uns contre les autres, ils s'accouplaient les uns dans les autres, impossible pour eux d'être dans ce face à face silencieux où la rencontre se fait.

     

    « Une larme Ce "nous"... »

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