• Tu nous as quitté les enfants et moi, après de longs mois d’errance. Lorsque tu as tiré la porte derrière toi, j’ai su que cette fois-ci tu ne reviendrais pas. Et c’est soulagement que j’ai ressenti.

    Quelques jours plus tard, alors que les enfants étaient chez mes parents, me suis couchée en plein après midi tellement fatiguée. Seulement le lendemain en fin de journée me suis réveillée, j’avais dormi plus de 24h d’un sommeil profond, sans rêve, sans souvenir.

    Longue marche avec les petits, trouver du travail à Paris, un logement, tirer le diable par la queue, lutter contre le désespoir, être là pour eux.

    Vivre sans même le souvenir de toi, comme si tu n’avais jamais existé. C’était comme ça au fond de moi.

    Un jour tu es revenu, et là, j’ai appris que tu t’étais engagé à la légion étrangère. Je t’ai rencontré à Paris, je ne t’ai pas reconnu, tu étais arrogant, même pas seul, accompagné d’un autre légionnaire. Votre régiment avait défilé pour le 14 Juillet, tu en avais profité pour filer, et rentrer en contact.

    Tu voulais voir les petits, j’ai refusé, les protéger, de ce que je voyais là.

    Là, je ne t’ai plus aimé du tout.

    Tu es retourné à Calvi, tu as fait des jours de cachot, et tu as commencé à m’écrire, et deux mandats sont arrivés.

    Puis plus rien …

     

    J’arrivais de bonne heure au travail, ainsi le soir je rentrais tôt, chercher les enfants à l’école. J’étais encore seule dans le bureau lorsque le téléphone a sonné.

    Maman, voix sèche, me demandant, si dernièrement j’avais eu de tes nouvelles, pour m’annoncer que tu étais mort.

     

    Une émotion, fulgurante, terrassante. Suis revenue, d’un coup à ce temps, où je ne respirais qu’à travers toi, et je t’ai vu, avec ton grand manteau noir dans la cage de l’escalier à m’attendre. C’était à Alfortville où notre premier enfant est né.

    Souvenirs en cascade…

    Au début de notre relation, un après-midi, tu avais pris peur, que je ne te quitte avec ce bébé en mon ventre, tu étais là dans le couloir sombre à m’attendre. J’avais ri de tant d’inquiétude. Je t’avais pris dans mes bras et je t’avais consolé.

    Enfin, cela défilait comme happer par cette unique image de toi dans ton grand manteau, m’attendant…

    Et le trou que je sentais là, c’est elle qui le recevait, pas seulement pour ta mort, mais pour ce départ en un si grand désarroi.


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  • La relation, est toujours une mise en danger.

    Dans ce travail, on se dira que danger n’est que pour le tremblement en soi.

    Cela est vrai, mais aussi, pouvons-nous prétendre à ne plus jamais fonctionner à ce niveau ?

    Vrai, on aimerait qu’il en soit ainsi, rester en toutes circonstances, fort et paisible, dans une confiance sans faille.

    Alors, en décider ?

     

    Je ne sais pas… car après tout, ces défaillances, nous font humbles.

    Aussi, elles nous rappellent que jamais nous sommes arrivés.

    Elles nous font nous ouvrir encore…

     

    En décider ?

    Je crois que ce mouvement d’ouverture à l’autre, au monde, est cette décision.

    La paix est là, juste qu’elle n’est pas le fruit de l’isolement, mais du don.

     


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  • Dans ces yeux là, j’ai rencontré la lumière
    Celle que je gardais comme un secret
    Que rien ne puisse venir la ternir
    Dans ces yeux-là, j’ai touché l’essentiel en moi.

    De cette bouche silencieuse, des mots si doux
    Réconciliation de la création, en absence du père
    Horizontalité transcendée par la verticalité
    Mystère éclairant au cœur de la nuit.

     


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  • Ai mis ma robe, celle qui virevolte dans le vent léger

    Mes vieux godillots, les seuls qui ne blessent pas les pieds

    L’enfant court devant, insouciante

    Aujourd’hui la route sera belle

    L’air vibrer à l’unisson des formes

    Dans la coupe du ciel vacuité

     

    Aujourd’hui sans lendemain

    Ni trop haut, ni trop bas

    Au bon tempo…


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  • Ce feu intérieur

    Interagit, c'est bien certain

    Niveau des énergies

    Qui transpire d'une bien curieuse manière.

     

    Plus possible de souffrir de cela

    C'est bien toi que j'attendais

    Tellement autre, tellement loin

    Tellement occupé, tellement aux autres.

     

    Tellement que je ne te rejoins plus qu'en moi

    Sans savoir si c'est vraiment toi

    Que je rencontre là

    Et cela n'a plus d'importance.

     

    Parce qu'alors tu es en tout

    Le vent, la feuille qui bruisse au vent

    Tu es le monde

    Avec ce visage transparent.

     

    Le plus beau qu'il me soit donné

    D'avoir vu, de mes yeux vu.


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  • Je t'ai cherché dans ce monde tournée vers une extériorité qui n'existe pas, qui ne cesse de mentir pour affirmer qu'elle est.

    Je ne savais pas que cette quête était utile, ce chemin était celui de Voir, Voir l'étendue des dégâts.

    J'ai désespéré à l'idée de ne jamais te rencontrer, dans le souvenir d'une errance entre les deux mondes. Quelle est longue l'errance !

    Je ne savais pas qu'elle était utile, à forger une détermination sans faille, une intention si profonde que rien ne saurait la détourner.

    J'ai douté, alors que tu étais là, tout près, si près, je ne te voyais pas, je te piétinais, irrespect était mon nom.

    J'ai pleuré, des nuits entières, te repoussant, faiblesse était mon nom.

    J'ai crié, pleine de colère, dévalé des montagnes le glaive au poing, tranchant des têtes qui roulaient, roulaient, la pente. Aveuglement était mon nom.

    J'ai marché, marché, taillant les broussailles, m'enfonçant dans de profondes forêts ; j'ai navigué sur des océans sans terre.

    Et un matin...

     

    Une vague m'avait déposée là, sur une plage, si belle, s'ouvrant sur un pays vierge.

    Je voyais pour la première fois, j'entendais pour la première fois, je goûtais pour la première fois, je respirais enfin.

     

    Tu t'es avancé, transparent de lumière ; j'étais là.


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  • Ben, franchement si je croyais dur comme fer à un créateur, tout puissant dans les cieux, sûrement j'aurai vraiment peur... Encore que l'enfant défiait cet omniprésent, juge suprême.

     

    Oui, mais c'est parce qu'il y avait de la crainte et donc de l'injustice que l'enfant téméraire le toisait ainsi. Comment cette croyance a-t-elle pris fin ?

     

    Elle avait 11 ans, la sixième au collège, découvrir qu'il existait d'autres croyances, que des personnes croyaient à autre chose. Ils marchaient sur le feu, sans se brûler !!! Elle se hâta de rentrer et alla voir le père, elle lui confia sa surprise, toute innocente qu'elle était... le père avait eu jusqu'alors une place privilégiée dans son théâtre familiale. Mais là, franchement ! Il ne fut pas à la hauteur : « On doit croire sans poser de question, c'est ainsi que Dieu le veut ! »

    Oh putaing ! Elle n'a rien dit, mais... plus qu'une lézarde dans le mur qui avait été sans faille, cette brèche n'aura de cesse de s'agrandir...

     

    Ouverture mon amie, la confiance dans l'ouverture ! Ça c'est vraiment grand, infini parce que... jamais fini.

     


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