• ... la nommer puisqu'elle est.

    Avant, il y avait se sentir prisonnière, écrasée par une chape de béton, avancer dans un tunnel, et d’un coup en voir le bout, la lumière, les couleurs, tellement vivant !

    Et puis à nouveau le broiement noir, étouffer, se débattre, se défendre contre ce monde d’absurdités, d’indifférences et de mensonges… écrire, écrire, c’était la planche de salut, ce qui permettait de survivre, et à nouveau le bout du tunnel, moment imprévisible où le pas se faisait si léger, liberté dans cette paix incommensurable, et pourtant si simple.

    Ce va et vient a duré toute une vie, plusieurs peut être, avec le souvenir d’autre chose, souvenir de peuples nomades, de sens immédiat, d’une source accessible toujours, vivre au rythme de ce grand corps sain, vigoureux, celui de la nature. Communion, communion, dans le chaud, dans le froid, dans la faim qui met en marche, communion de corps, l’esprit était docile.

      

    Et puis, une première fois, cela s’est installé, je veux dire, le bout du tunnel qui ne se referme pas, déjà !

    Quelle aventure en vérité, tout les agencements bousculés, toutes ces soumissions qu’on acceptait, plus possible ! Place nette, une force ne quittait plus, et se mettre en marche, traverser seule, le sac sur le dos, marcher dans le froid, dans le chaud, laissant derrière soi ce qui faisait jusqu’alors "ma vie". Et c’est quoi une vie ? Un travail, une maison, une famille, non pas les personnes mais la structure familiale, et puis ces rares moments de joie paisible.

    Des mois, une année, plus encore, "cela" s’est installé, partir encore, toucher le ciel, sentir la terre, pleurer d’un bonheur si grand, et… sentir que ça s’en va… sentir qu’il faut que ça s’ouvre sur quelque chose de plus grand, de plus vaste, et ne pas trouver, quoi.

     

    Alors, une troisième fois, au bord du gouffre, sentir "cela" venir à nouveau, autre, tellement autre, en toi.

     


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  • Elle s'était absentée d'une manière inaccoutumée, elle rentrait le pas léger, il était là dans l'ombre du couloir.

    A la place du cœur, un trou noir en lui, elle lui souriait, rien y faisait. Il finit par laisser tomber quelques mots : « J'ai cru que tu étais partie ! Partie avec le petit. » Elle éclata de rire, quelle drôle d'idée ! Si loin d'elle cette idée, c'est qu'elle croyait que la vie pouvait être belle et qu'elle savait qu'elle ne ferait rien pour la rendre laide. Mais aussi elle sentit combien en lui cela était sérieux, une profonde blessure, alors elle le prit dans ses bras, le réconforta, il finit par se détendre après un long moment.

     

    Elle croyait vraiment que la vie pouvait être belle, que tous les deux ils la feraient ainsi. Sa croyance fut mise à rude épreuve, et lui qui avait eu peur qu'elle ait quitté, quitta trois pas plus loin, il quitta après tant de souffrances éprouvées l'un à l'autre, l'un contre l'autre. Combien de fois avait-elle couru la ville à sa recherche ? Il partait acheter son paquet de clopes, il ne revenait qu'au petit matin, puis quelques jours plus tard... Si bien que quand il partit pour de bon, ayant dit qu'il le faisait, elle éprouva un profond soulagement, elle ne le chercherait plus, ne l'attendrait plus.

     

    Elle croyait que la vie pouvait être belle, et la vie fut si difficile, si dangereusement difficile... La croyance a fini par céder, elle n'a plus cru en rien, et finalement cette chose incroyable : la vie (naître et mourir, elle l'a compris, naître et mourir à chaque instant, naître et mourir en même temps), elle vit combien la vie est belle. De cette beauté indescriptible qui vous soulève le cœur, et fait battre les mains, ailes de papillons au sortir de la chrysalide. D'une beauté que rien ne peut déranger.

     


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  • Si en cet instant, il n'y avait cet espace qui s'ouvre

    Où l'accord est sans faille, où la beauté se décline

    En aucune explication

    Sans en passer par cette prétendue autonomie faite de mensonges

    Instant où je te vois dans cette transparence lumineuse

    C'est bien de désespérance que je mourrais.

     


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  • L’enfant découvrait ce monde, et voyait le mensonge

    Insoumise à tout jamais, c’est faire partie.

    Il a fallu beaucoup de temps, pour voir les ficelles

    Qui tenaient le paquet, qui le tenaient encore.

    Découvrir que ce maillage la faisait aussi

    Alors plonger la main dans le feu

    Rencontrer le tranchant du guerrier

    Avoir peur et ne pas céder

    Être fatiguée, se reposer, et reprendre le chemin

    Sans certitude, jamais.

    Juste, ce qu’il faut faire

    Qui se révèle à chaque pas décidé.

    Ne jamais rien regretter que c’est un refus d’assumer.

     

    Tenir un enfant par la main, et le laisser aller vers sa liberté.

     

     


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  • Je me souviens de cette prière, récitée tous les soirs

    A genoux les enfants, au pied de leur lit respectif

    Cette prière, qu’un jour, je n’ai plus voulu répéter

    D’abord dans la révolte silencieuse

    Puis dans le courage du refus catégorique

    Qui ne manqua pas de provoquer de grandes colères

    Et de vaines représailles.

     

    Je me souviens, cela parlait de la très grande volonté

    Du père, dans le ciel

    De jugement dernier, d’obéissance pour la rémission

    Des péchés, ceux de toute une espèce

    Introduite par eux, en une lignée.

     

    Oui, la très grande volonté est au cœur du problème

    Et à y regarder de plus près, c'est toujours

    Volonté d'asservir autrui

    L’accepter, c’est s’en rendre victime et coupable.




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  • ... .ce qui leur fait peur

    La Beauce, terre nue arrachée à la Forêt

    Et le vent et la pluie et toutes les tempêtes

    Les fermes forteresses et la cathédrale

    Viennent raconter la désolation de ses arbres sacrifiés

    C'est là que je suis née.


    Plat pays, le grenier de la France, qu'ils disaient

    Il fallait bien justifier de la destruction

    Lorsque le cycle sera accompli

    Par les terres rendues stériles

    La Forêt reviendra.




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  • Qu’y aurait-il à craindre qui ne serait pas juste ?

    Le monde que font les hommes, c’est sûr !

    Surtout ne pas se laisser rattraper par ce mensonge

    Pas d’autre solution que de le voir, ne jamais le quitter du regard.

     

    L’enfant avait peur,  descendant à la cave

    On l’envoyait tirer le cidre

    Elle savait dans l’ombre tous les dangers

    Elle les entendait comploter.

     

    Alors, pour les impressionner, les tenir à distance

    Elle inventait des langages, parlait haut et fort

    En ces mots bizarres, sans queue ni tête

    Puis elle s’échappait, furtive.

     

    Les dernières marches, les plus dangereuses

    C’était là qu’ils l’attendaient

    La peur lui donnait des ailes.

     

    De la nature, elle n’a jamais rien craint

    Aimant les tempêtes, les orages

    Les sens en alerte, la vie sur le fil coupant

    Aussi palpitante que le cœur de la biche aux abois

    Bruissante de parfums, lourds, légers

    Être la montagne, la vague, ces étendues vierges...

     


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