• La ville est là, St Jacques de Compostelle.

    Elle ère dans les rues, la fatigue est grande, il serait bon d’atteindre enfin le but. Mais quel est-il ce but ?

    Elle se perd dans cette ville où les marques ont disparues. Comment se peut-il qu’après avoir autant marché, il n’y en ait pas un pour l’accueillir ?

    Elle ne peut pas demander son chemin, il y a plusieurs jours déjà qu’elle n’a plus parlé, comme si elle ne savait plus, comme si elle était revenue à cette enfant têtue qui ne voulait pas dire bonjour. Son entêtement est sa fatigue, sa fatigue son entêtement. Une ruelle, encore une, et soudain devant elle la basilique. Il lui faut tourner plusieurs fois autour de l'édifice avant de trouver la porte, celle qu’on ouvre si rarement et qui fait un jubilé. Une longue file s’enroule sous un soleil de plomb, elle prend sa place, la dernière qui bientôt ne l’est plus. Avec son sac sur le dos elle attend, ultime effort, comme si celui-ci devait être le dernier, qu’après viendrait… Elle sait que rien ne viendra, pas encore…


    Les badauds se disputent, la police doit intervenir. Ils parlent forts, et même en entrant dans ce qui est supposé un lieu saint, ils piaillent encore, les voilà qui s’éternisent en des embrassades à n’en plus finir sur l’objet St Jacques. Alors elle quitte cet endroit bruyant, se remet en marche, trouver le refuge, elle dormira au sol. Elle ira jusqu’au cap, et même jusqu’à Pardon, c’est là paraît-il qu’il débarqua le fils du tonnerre, puis elle reviendra à Compostelle et cette fois-ci posera son front fatigué sur la tête de granit avant de s’en retourner.

    Elle est partie il y a presque trois mois, ce n’est pas qu’elle ait traîné, mais…

     

     


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  • C'est bien une chose qui jamais ne m'a quittée, qui a traversé avec moi les années. Du plus loin que je me souvienne et c'est au-delà de ce que la raison peut admettre, c'était là...

    Impossible de s'en remettre à plus grand, impossible de se pencher sur un plus petit, même avec les bébés... Lorsque je vois ces adultes qui s'accaparent les petits, en moi ça crie : « Stop ! Vous pénétrez ce qui ne vous appartient pas ! Cet enfant ne vous appartient pas ! Il sait ! Entendez-vous, il sait, il voit, il entend ! Et vous visiblement, pas ! »

    La même chose avec les animaux, domestiques bien sûr, que les animaux sauvages ne permettent jamais cet envahissement.

    La même chose encore avec les plantes, la terre, ils sont si nombreux ceux qui possèdent !

     

    Je ne peux pas aimer ce qui ne fleurit pas sur la berge de la liberté

    Je ne peux pas aimer les mains crochues, ce qui cherche à retenir

    Ce qui emprisonne, ce qui possède

    Je ne peux pas, en moi c'est automatiquement un rejet puissant

    Les forces de combat se dressent aussitôt

    Je peux les contrôler dans leurs déplacements

    La forme qu'elles prennent

    Mais en aucune façon je puis les faire se taire

    Je suis cela.

     

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  •  Je ne dis pas que tous les actes de la vie sont libres

    Je ne dis pas que je n'ai commis que des actes libres

    Libres et donc créateurs, semences nouvelles

    Il y a des actes qui viennent accomplir quelque chose du passé

    Résoudre

    Tant qu'ils ne se sont pas exécutés ils se présentent

    Moi, je n'ai pas attendu, au temps de la jeunesse...

     

    Je ne voulais ni me marier, ni avoir des enfants

    Et voilà qu'au sortir de l'adolescence me suis retrouvée feuille au vent

    Mue par une énergie puissante qui me porta vers ce garçon

    A peine plus âgé que moi...

    Dès le premier contact j'ai fait un rêve, vision au sortir des ténèbres

    Sur la place de la gare à Chartres, il y avait foule

    Entre chien et loup, entre les deux mondes

    Je voulais m'envoler comme je savais si bien le faire

    Là, je voulais le faire avec lui, l'emporter avec moi

    J'ai essayé, essayé, essayé encore avec l'énergie du désespoir

    Je ni suis pas parvenue...

    Au réveil, je savais, je savais sans rien en savoir

    Ce que serait notre histoire.

     

    Feuille au vent, portée vers lui

    Ne plus pouvoir respirer sans lui

    Et le travail des énergies qui rend le corps si lourd

    Plaqué au sol, magnétisé, un pas est un pas arraché

    Et puis les corps qui se rencontrent

    Chaque mot, chaque geste, chaque silence

    Compte et s'inscrit et révèle

    Et me voilà enceinte de cet homme

    Dans le couloir si sombre...

    La lumière au bout

    Et mettre cet enfant au monde

    Dans la gloire

    Entre plaisir et douleur

    Surfer la vague.

     

    « Oh mon fils ! »

    Que ton envol soit !

    Entier en toi, soit.

     

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  • Les cordes du passé 

    Comme celles d’un violon

    Vibrent l'air en un appel

     

    Celui du grand sapin dans la nuit

    J’ai connu une petite fille

    Qui mêlait ses larmes au vent.

     

     Je l’ai connu bien vieille

    Sur le chemin de Compostelle

    Son nom, Mme Loublié.

     

    Je m’étais arrêtée parce qu’on m’avait parlé d’elle

    Le prétexte ? La crédentiale à tamponner

    Je m’en tamponnais bien

    Marchant toujours à côté, mais…

     

    En face de l’église

    Je me souviens aussi d’un pont traversé

    J’ai frappé à sa porte.

     

    Elle m’attendait, c’est sûr

    Elle m’a parlé, parlé

    Comme on noie son dernier chagrin

    Juste avant de partir.

     

    Pendant la dernière guerre

    Petite parisienne, elle avait été "déportée"

    En Auvergne, où on n’en doutait pas

    Elle serait à l’abri, et nourrie correctement

    Mais voilà, c’est toujours la même histoire

    Il y a cette chose dans l’humain

    Qui lui fait manquer de tout dans la séparation

    C’est son destin, ça… avant de toucher là ...

    Voir !

    Tous les soirs, elle pleurait sa mère

    Restée dans la grande ville

    Alors elle allait sous le grand sapin

    Dans le vent, et même la pluie

    Persuadée que celui qui chantait

    Du bruissement des longues branches

    Comme autant de cheveux emmêlés

    Persuadée que ce souffle emporterait

    Loin là-bas jusqu’à la capitale

    Sa plainte et que sa mère l’entendant

    Viendrait la chercher…

     

     

    J'avais franchi ce pont et déjà le glissement, peut être depuis la veille quand on m'avait parlé d'elle avec tant de commisération, qu'on lui avait laissé le tampon que plus personne n'allait la voir depuis qu'elle ne pouvait plus héberger les pèlerins. Mais au fond quand les rencontres se font, c'est comme si elles étaient inscrites dans le chemin de vie.

    A chaque fois, cette intimité immédiate, enfin plus que cela parce que cette forme d'intimité je la ressens avec toutes personnes, les humains, mais aussi les animaux, et les arbres, et les montagnes... il n'y a que les humains qui s'en trouvent gênés, alors garder cela secret. Plus ?

    C'est attendu, un rendez-vous qu'il est impossible de manquer, qui vient à son heure sonnée, quelque chose s'étonne de cela, quelque chose le sait.

    Quand je suis partie, je l'ai prise dans mes bras, elle tremblait un peu, je crois qu'à cet instant, c'est sa mère qui la prenait, elle petite fille, contre son cœur. Le vent avait fini par répondre à son appel. 

    Là, le temps n'existe plus, c'est bien tous les temps en même temps...

     

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  • Quand tu es partie, au bout de cette longue nuit
    Tout est là, en moi
    Tout est là, parce que le témoin était là
    Il suffit que je monte sur ce fil invisible
    Et j'y suis...


    Tu étais entrée dans ce qu’on appelle l’agonie
    Les yeux fermés, le souffle tenu serré dans le râle
    C’était la nuit
    Derrière la fenêtre, la silhouette de grands arbres.


    Ils avaient organisé ce temps de ton agonie
    Pour plusieurs jours, plusieurs nuits, un relais
    Cette première nuit, c'était mère et moi
    A ton chevet
    Ils ne savaient pas, ne sauront jamais
    Que c'était encore toi qui décidais
    Cette force était en toi
    Et les leçons tu les donnais d'une  façon magistrale
    « Regarde petite ! »
    Et je regardais... et je regarde encore
    C'est cela Voir.
     
    Ta respiration comme une vieille locomotive
    Tchouuu... tchouuu...
    Inconsciente, c'est ce qu'on dit
    Mais comme tu étais là !
     
    Dans un coin de la chambre
    Mère et moi, nous avons parlé
    Comme jamais nous ne l'avions fait
    Sauf peut être, quand elle me faisait des confidences
    Alors que je n'étais encore qu'une enfant
    Et qu'un jour, elle a cessé de le faire.
     
    Dehors, par la fenêtre, les grands arbres
    Noirs, immobiles, silencieux
    Puis, avant l'aube, juste à la pointe du basculement
    Un vent venu, je ne sais d'où, de bien loin sûrement
    Les arbres ont gémi
    J'ai dit : « C'est la fin »
    Mère s'est affolée
    Nous nous sommes rapprochées de ton lit
    Et n'avons plus rien dit.
     
    On dit le dernier souffle
    Mais c’est faux
    Il y a plusieurs derniers souffles
    Ils te crurent partie
    Qu’il fut grand leur effroi
    Lorsque ton corps expira
    Le niveau des énergies subtiles.
     
    Ils étaient comme des enfants apeurés
    S’accrochant à un "je vous salue Marie"
    Comme le naufragé s’accroche à une planche
    Dans l’immensité d’un océan en furie.
     
    Je fus la dernière, à te parler
    Par-dessus ce vent de panique 
    « Va, petite grand-mère, ne crains rien, va ! »

     

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  • Personne n'échappe totalement à la peur, à la souffrance, j'ai grandi dans ce lit, et mon allié était le témoin en moi. J'ai flirté avec la désespérance, couchée dans le fossé, marchant sous la pluie, allant jusqu'au bout du bout, mais à aucun moment je n'ai douté que cela fut le chemin.

    Le témoin est une position en esprit, neutre, il voit, il n'est pas le guide.

    Le guide est le messager de l'omniscience en nous, il fait se dresser la tige. A chaque fois que c'est utile, il délivre message, on ne saurait passer à côté. Même si l'esprit raisonnable ne comprend pas ou fait mine de ne pas comprendre, le message est saisi, agit.

    Le guide n'est pas autre, je suis cela, je sais que tout ce qui arrive, je l'ai décidé, comme aussi je l'accomplis ici. Je connais le roman de cette vie, avec ses rencontres, il n'y a pas d'échec, tout est comme cela doit être. J'avance.

     


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  • Celle-là voulait, dire, expliquer, ce qu'est la relation, en fait ce qu'elle devrait être, à sa convenance bien-entendu.

    Le pire dans cette affaire c'est que jamais la relation n'a pu combler le vide de la séparation, jamais !

    C'est à la source, au cœur de la matière, de sa propre matière, que l'on découvre que ce vide est plein d'énergie, donc d'information, donc de vie !

     

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