• Mille flammes ondoient la prairie, transparence, brillance, en la goutte de rosée qui coiffe ce brin d’herbe.

    Le chant des oiseaux fait la voûte céleste. Qu’il fait bon sous cette cloche… Il y en a un, là bas, qui parle d’un autre ventre chaud. Il est des profondeurs du bois, invitation à s’enfoncer encore.

    Écoute... ne crains rien, tout ce qui se fait est juste. Sois ton propre témoin, sans juger de rien.

    Alors que s’est-il passé en ce jour, Pélégrina ?

     

    Tu as suivi l’itinéraire de doc, comme il te l’a conseillé tu as évité St Goussaud.

    « Il a plu ces derniers jours, et ce coin pentu et isolé, est dangereux pour celui qui marche seul. » Oui, l’idée de la pente raide t’a décidée, le danger lui est ton ami, ta vigilance, il te fait funambule.

    Dans ta poche, tu as une liste d’endroits où le pèlerin peut être accueilli. Et te voici, déjà, à Chatelus Le Marchaix, trop tôt pour s’arrêter.

    Dans le café du village, un homme, un peu chancelant le bougre, clame son admiration pâteuse : « Une femme seule, avec un si gros sac sur le dos ! »

    Tu iras, une fois encore, perdre tes pas, vers une église fermée. Il y a bien un commerce dans le village comme il est indiqué sur le document "Bénévent", mais il est fermé. En fait, il aurait suffi d’attendre un peu, il ouvrait à 15h30.

     

    A St Pierre Cherignat, un plateau, tendu entre ciel et ciel. Une femme parle avec une jeune fille qui me sourit. Je sais comme il serait bon de planter la tente ici, regarder le soleil descendre doucement, mais je hâte le pas. Un signe de la main à ces deux femmes, si belles

    Un peu plus loin, le voilà, celui, qu’il me fallait rencontrer, mal aimable, mal rasé. Il me refuse l’accès à un verger, en face de sa maison, il me dit qu’à St Martin-St Catherine, il y a une plage au bord de l’eau, où je serais bien, bien mieux qu’ici.

    La traversée de ce repère de saints est des plus lugubres, maisons en ruine, habitants désagréables, gueulards en folie aux crocs menaçants, je passe sans même demander de l’eau.

    La rivière est dans la vallée, à un bon kilomètre après les dernières maisons. La rivière, oui, mais pas de plage ! Trop fatiguée pour poursuivre, surtout qu’il s’agit de remonter de l’autre coté.

    Dans un bois en contre bas de la route près du cours d’eau, le terrain est en pente, le sol de bosses, je me console : j’ai de l’eau pour me laver et faire la soupe. Puis je prépare la gourde pour demain, faisant bouillir cette eau de rivière, y plongeant un comprimé de chlore, deux précautions valent mieux qu’une !

    Dans la nuit, des voitures se sont arrêtées, ont fait des dérapages, longtemps elles ont tourné. Quelqu’un me cherchait-il sur une plage que je n’ai pas trouvée ? Je me rendors, de ce sommeil si particulier, profond, et attentif, dans la main la bombe lacrymogène.

     


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  • Le soleil du grand Est a attendu que je sois prête. Le voici qui allume les verts de ce doux vallon.

    Quelque chose commande ici l’arrêt : une apesanteur, une forme d’inertie bouillonnante. Avec l’accord du docteur, je prends une journée de repos en ce lieu.

    Le gîte est derrière l’église que j’ai visitée avec doc, lui aussi est découvreur de son clocher. Ici pas de recherches généalogiques, on s’intéresse au langage des symboles.

    Trois marches à franchir pour accéder au chœur, trois confirmations, trois états… trois plans ?

     

    Ces explications ne font qu’épaissir le brouillard en son esprit.

    Elle aimerait pouvoir en faire un chemin d’ici à là-bas, mais elle ne peut pas. Elle s’est toujours méfiée de ce qui prétend décoder le mystère, ce qui sépare des initiés et des non-initiés, elle juge l’arrogance de ces maîtres qui dictent des façons de faire, de penser, de se représenter le monde, la relation au vivant.

    Elle aimerait pouvoir rejeter ces concepts, en finir avec cette mastication mentale qui tourne en rond, mais ça aussi ce n’est pas possible. Tout d’abord, elle n’a pas les idées assez claires, et puis, elle sent que quelque chose cherche à se dire à travers ce brouillard, quelque chose qui parle de ce frémissement en elle, en résonance. Et puis, la voici qui marche sur son fil, confrontée aux interdits et à son désir de maîtrise

     

    En ce gîte, où hier s’étaient arrêtés quelques pèlerins, elle est seule, elle s’endort, dans une solitude qui ne reconnaît pas sa propre image.

     


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  • J’ai demandé un renseignement au monsieur qui était à sa fenêtre. On m’a fait entrer et offert un café. J’étais attablée lorsque le facteur est passé. Coup d’œil rapide sur le contenu du courrier, il me regarde, un large sourire aux lèvres : « Il n’y a rien pour vous ! ». Éclats de rire, un peu réprobateur de sa femme…


    Baisse de régime, il faut dire que j’ai déjà fait une vingtaine de kilomètres, ce qui frôle mon maximum. Je suis à Grand Bourg, me suis arrêtée dans un abri bus, le temps que l’épicerie ouvre ses portes. Un coup d’œil curieux sur les horaires de bus…, je décide de prendre le car pour me rendre à Bénévent. Là bas, je verrai pour un hébergement à l’abbaye. Si non, il y a un camping à Marsac. Il va être temps de prendre une journée de repos, et de laver du linge.

    J’attends le bus, j’ai acheté du chocolat et autres remonte-moral, tout va.
    Assise dans l’abri bus, assise à l’ombre de la place, assise dans l’église, j’attends. Un "St Michel", en statut, terrasse le diable dans toute son horreur. Victorieux, il a bouté cet ange déchu, ce rebelle, hors du paradis céleste.

    Archange, qu’as-tu fait là ? Satan avait il introduit la dualité dans le non créé, la vacuité ? Cela ne se peut ! Qu’as-tu rejeté ainsi ? Une part de toi-même ?

    J’étais venue, dans un moment de désespoir, j’étais venue chercher un hymne à la vie, et toi, le plus criminel de tous, tu as piétiné ce qui me restait de joie…
    Comme si, cela redevenait vivant en moi. Vivant, doux, et chaud, vulnérable et plein d’une force étrange. Les larmes ont tellement coulé que ce cœur se libère de sa gangue de sel.


    La montée est raide jusqu’à Bénévent.

    Le car, j’ai compris, plus tard, qu’il ne passerait pas, parce que nous sommes mercredi et que les horaires consultés sont ceux des transports scolaires. J’ai remis le sac sur le dos.

    A la sortie de la ville, j’ai cru avoir perdu ma carte. Quelle contrariété !

    Les cartes IGN sont difficiles à trouver, elles coûtent chers, sont indispensables à avancer, et pour finir elles sont plus que ça. Je la consulte à tout propos, pour évaluer la distance parcourue, celle qui reste à parcourir, pour y trouver des repères, des choses à voir … Elle fait partie des quelques objets qui font mon quotidien et sans lesquels je me sens perdue. Et puis, il y a la contrariété d’avoir perdu quelque chose, je n’aime pas ça ! Enfin, ça fait un drame ! Et je suis prête à rebrousser chemin, pour la retrouver.

     

    Elle est là, où je n’avais pas eu l’idée de la chercher, là, où jamais je ne la mets. Sa place est sous la banane, contre mon ventre. Elle en est toute fripée mais à portée de main. Heureuse, la fille, et soulagée de n’avoir pas pris la décision de redescendre cette côte si dure à monter.

    Voilà, qu’un car passe sur la route, je regarde incrédule, ce bus qui vient de Grand Bourg et se dirige vers Bénévent.

    Arrivée à mon but, passés les grands virages, où la vue est si belle, une voiture s’arrête.
    Docteur C. et sa femme s’en allaient raccompagner leur petite fille, ils m’ont donné toutes les indications pour que je puisse accéder au gîte, en leur absence.

     

    Comme si on m’attendait !

    On ne m’attendait pas, on attend le pèlerin. C’est si bon cet anonymat, juste être ce que l’on fait.

     


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  • La nuit a été courte, encore une sacrée échaudée qui m’a tenue éveillée et m’a laissée trempée. Et le rossignol a chanté, mes hôtes m’avaient prévenue, « Au milieu de la nuit… ». Ainsi là-bas en ce pré, cette étrangeté, c’était le rossignol.

    Ils se sont levés si tôt, pour partager avec moi le petit déjeuner. Mon sac est plein des victuailles préparées par Dominique. Dans la poche, j’ai un "crobar" pour me rendre au presbytère, là, je devrais être accueillie pour la nuit prochaine.



    Plus tard, elle découvre des pochettes rafraîchissantes, à coté du jambon et autres gâteries. Sa mère est comme ça, ne laissant rien au hasard, cherchant à combler tous les vides, et tellement malheureuse de ne pouvoir le faire. Ça fait étouffement !

    Son passage, en pareille équipée, réveille… Dominique a dit, dans la soirée : « J’étais dans le jardin, et j’ai vu au loin un point bleu, cela avançait si lentement. » Dès ce moment là, son corps vibrait au rythme de la fatigue, de cette évidente vulnérabilité. Comme il est difficile de recevoir de plus petit…

    La pélégrina se dit qu’il faudrait, ne pas les décevoir, se laisser faire, mais en même temps sentir si fort le désir de maîtrise derrière ces "bonnes intentions". Ah, quelle complication, ça fait des nœuds, inextricables ! Trop près, trop loin fredonne la rengaine.

    Mais quand même en cet instant, c’est en elle la confusion, elle se dit qu’elle doit être bien fatiguée. Alors, à une halte qui s’imposait, elle s’endort.

     


    C’est la première fois que le sommeil me prend ainsi, au bord de la route. Qui veille alors ?

    Cette sieste m’a fait un bien fou, je suis comme neuve et c’est avec entrain que je débarque à La Souterraine.

    C’est la première fois, aussi, que j’ai l’idée de laisser mon sac pour visiter la ville. Je l’ai confié au café près de la porte St Jean.

     

    Une vierge en majesté trône au dessus du portail latéral de l’église. Une église étroite, haute, et tellement sombre, on dirait une tranche d’obscurité dans la lumière du jour, souterraine en plein ciel.

    La porte de la crypte reste cachée. Je ne me décide pas à demander au passant, la fatigue reprend ses droits et appesantit mes pas, je retourne chercher mon sac. Je sors le crobar. Je ne trouve pas la rue, incapable de m’orienter et de me renseigner.

    Un pépé me fait remarquer que je me promène avec toute ma maison sur le dos. Comme la tortue en question, je rentre dans mon antre, et décide de rebrousser chemin en direction du camping que j’ai vu indiqué à l’entrée de la ville. Lourde de ces pas, sans pensée, j’avance et arrive, enfin, au camping.


    Au bord d’un lac, tout près de la tour Bridier, là serait un souterrain menant à la crypte…

     


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  • Grande forme en ce matin ensoleillé, la nuit a été bonne. Le sac si léger et je découvre un réglage des bretelles qui apporte du confort.

    Les paysages sont très beaux du coté de Cruzon. Ça grimpe, mais, comme si des ailes m’avaient poussé, comme si les forces qui travaillent à ces formes profondes agissaient en moi...

    Dans la côte qui mène au village, des cyclistes me doublent lentement, ils ne semblent faire aucun effort. Cela s’appelle mouliner. D’où vient cette expression ? J’en sais rien, mais il suffit de les voir pratiquer pour savoir qu’ils moulinent. Certains moulinent avec beaucoup de sérieux, ces cyclistes là sont très joyeux. Ils se sont arrêtés près de l’église pour pique niquer. Ils sont hollandais et partent pour Compostelle.

    Je suis émue de rencontrer ces premiers pèlerins, eux sont surpris : « A pieds ? Toute seule ? ».

    Souvent on m’interroge à ce sujet, cela intrigue, et occasionne beaucoup de remarques. Le plus souvent on me dit inconsciente, comme si je m’étais inconsidérablement ma vie en danger.

    Je ne me sens pas en danger. Parfois il est là, si près, et met tous mes sens en alerte, et c’est bien. Parfois, je fréquente mes vieux démons, et c’est bien. Mais ce qui m’a mise en marche est en moi, une présence, une confiance absolue. C’est la première fois dans cette vie, que l’Action est. Elle a pris les devants, moi, je suis, j’écoute, j’apprends, je révise. Il ne peut rien m’arriver de mauvais, juste ce qui doit se faire.

    Impossible à expliquer cette alchimie, et cela me fait bien des regrets, comme un fossé entre eux et moi.

     

    Ici, la clef de l'église est à l’épicerie. Il y a tant d’églises qui restent fermées au passant. Et pourquoi sont elles fermées ?

    "A cause du vandalisme", me répond-t-on. Hommes de peu de foi ! Maison de dieu, avez-vous dit, et vous avez peur des voleurs ! Vous vous racontez des histoires auxquelles vous ne croyez même pas ! Vous avez le christ à la messe et vos vies dehors. Il n’y a que des enfants, des innocents, pour vivre au cœur de Jésus. Ceux là ne grandiront jamais tout à fait comme les autres.

    Enfin, ici les clefs sont à l’épicerie, et la bonne femme m’a remis une notice de renseignements pratiques sur le chemin de Compostelle dans le Limousin. C’est une bonne idée, je remercie.

     

    En quittant la ville, elle s’est trompée de chemin. Elle a monté la côte, là où il fallait la descendre. Mais rien ne peut entamer l’allégresse de cette journée en tant de beautés.
    Elle décide de demander un coin pour planter la tente, à la Chapelle-Balou. Pour ce genre de démarche il ne faut pas réfléchir, et, oser dés l’entrée du village.

    Une femme est dans la cour, un panier à la main, elle semble hésiter :

    « Un coin pour planter la tente ? Ça peut se trouver… Et un bon lit, avec des vrais draps ? »

     

    Pendant que Dominique prépare le repas, Michel lui fait visiter la chapelle du château. Ils ont été aussi au calvaire près du cimetière, il y a en cet endroit une très belle croix biface et un autel en granit.

    Il est heureux de partager, il a fait de longues recherches, passionné d’histoires, de généalogies, d’art, de vieilles pierres…

    Elle se traîne, mais l’écoute avec attention. Les traces du passé, elle s’y intéresse, elle les contemple, les frôle, les renifle, elle s’imagine pouvoir y trouver une réponse, convaincue que ces dresseurs de pierre, ces tailleurs, ces bâtisseurs, avaient percé quelques secrets qu’ils auraient enfouis dans la roche.

    Parfois, une émotion, une vibration, et c’est comme si c’était tout à coup vivant en elle.

    Cet intérêt a du commencé avec la cathédrale de Chartres, Chartres où elle est née. Il a du s’éveiller à l’atmosphère sombre, humide, si particulière de ce gros ventre, à cette architecture à l’assaut du ciel, aux énergies si particulières de cet endroit.



    Jusque tard dans la nuit nous avons discuté, et puis Dominique veut m’accompagner en voiture, jusqu’à Bénévent L’Abbaye. Elle dit que La Souterraine n’est pas une ville sûre, qu’il faut l’éviter.

    Je refuse. Elle ne comprend pas lorsque je tente de lui expliquer, que ce soir je remercie pour tout ce qu’ils m’ont offert de si bon cœur, mais que demain, je dois reprendre mon bâton. Elle me dit que le chemin c’est aussi se laisser prendre en charge, Michel reste silencieux. Je suis lasse, je ne veux pas me justifier. Alors, je ne dis pas que La Souterraine, j’en ai rêvé en consultant un guide avant de partir.

    Il y avait une photo de l’église, qui m’a semblé fort belle, et puis le site aurait gardé des traces de l’époque gallo-romaine. "Quand j’en serai là…"  Je n’y croyais pas, pouvoir faire ce long chemin... J’y suis, et rien ne me fera manquer ce rendez vous avec mes doutes réduits à néant.

    J’ai dormi dans la chambre de Dominique et de Michel, il n’était pas question de refuser...

     


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  • La nuit a été très froide et ce matin tout est mouillé de rosée. J’ai utilisé la terrasse du restaurant pour y sécher un peu la toile.


    Chaleur et sac trop lourd, je peine.

    A Cluis, j’ai fait beaucoup d’achats, la peur de manquer, demain nous sommes lundi. Sur le chemin, les conséquences n’attendent pas, aussi rapide que le boomerang !

    Je m’arrête pour casser une petite croûte, ce sera toujours ça en moins à porter. Et puis je m’en vais avec mon gros sac, sous un soleil éclatant, échauffer mes pieds en direction du camping de St Plantaire.

    Et de me dire qu’on ne m’y reprendra plus à cet excès de zèle au service de la peur, et de me dire que je n’ai rien compris, rien appris, alors qu’il y a une semaine j’ai reçu un repas auprès de deux amis, et que ce sac était si léger, et de me dire que la confiance ça s’apprend pas, elle est là, où elle n'est pas, et même qu’avoir confiance c’est tout dans le lâcher prise, qu’en réalité le bon et le mauvais me tombent dessus, juste ne pas résister.


    A Orsennes, l’église était ouverte, si fraîche. L’abondance de possibilités pour s’asseoir m’a donné des regrets de devoir continuer la route.

    - Pauvre enfant, pauvre cervelle égarée ! Des regrets pour ces bancs !

    - Parfaitement ! Comment je fais, moi, avec ce sac que je dois poser pour pouvoir le remettre, et comment je fais, quand il n’y a que le sol si bas ? Je suis fatiguée.

    - Si tu es fatiguée, arrête-toi !

    - Fais pas chier ! J’en ai marre de tes leçons ! La fatigue, c’est plus fort que ça, la fatigue c’est justement ne plus savoir quoi faire. C’est comme la misère, ça rend incapable d’aimer. Ça tu ne peux le comprendre que si tu vas dans le pétrin, jusqu’au bout de tes forces, là où il n’y a plus que toi en face de toi. Alors, laisse-moi, faire ce qui se doit.

    Et la voilà repartie, avec son gros sac sur le dos et ses pieds…


    Arrivée à St Plantaire, je fais une pose dans un abri bus, pour le siège et l’ombre. Quelque chose me dit qu’il n’y a pas de camping, en cette ville.

    A un carrefour, un café-restaurant-hôtel, je demande pour le camping. Encore 5 km ! Impossible, je ne peux plus. C’est combien pour la nuit ?

    C’est pas cher, c’est sympa, à coté de l’église de St Plantaire, là où j’ai commandé mon miracle, j’ouvre l’enveloppe "Mamy-Papy".

     

    L’église est fermée. Je prends un apéro à la terrasse où discutent des habitués. Je les questionne sur ce St Plantaire. On me dit qu’il s’agit, en fait, de Pantaléon. On me répond par politesse, le sujet n’intéresse pas, je laisse tomber. Les conversations repartent bon train…

    Je suis bien, bercée par les mots, les voix, des vibrations. Il n’y a que les pieds pour me sortir de cette douce léthargie. « St Plantaire, Pantaléon, peux tu quelque chose pour ces pauvres moignons ? ».


    Les pensées passent, il est l’heure d’aller se glisser dans ce lit douillet.

     


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  • Pour la première fois, je me suis perdue. En quittant Montgivray, j’ai fait 5 km pour me retrouver à mon point de départ, alléluia !

    Il fait beau, hier était la seule journée de pluie, alléluia !

    J’ai perdu une de mes chaussettes à 70 Frs, alléluia !

    Les commerces sont tous fermés, je n’ai pas pensé qu’aujourd’hui c'est férié, plus rien à manger, alléluia !

    Il y a enterrement à l’église de Neuvy Saint Sépulcre que je voulais visiter, alléluia ! 

    Pauvre petit singe, le voilà qui s’excite contre les barreaux de sa cage. Plus d’espace, plus de joie, tout à la confrontation du désir. Quel désir ? Le désir confus, sans objet, toujours contrarié. Il est mauvaise humeur, quoi qu’il en soit. Il se fait résistance, arrogance, dans un face à face mortifère. Cela s’auto-alimente, et ainsi est sans fin, sauf, à ce que quelque chose se décide à céder.

    Elle attend, dans l’unique café, la fin de l’enterrement, elle les observe papoter comme si de rien n’était. Sûr, cela ne les concerne pas, c’est la mort d’un autre, d’un plus vieux qui attendait sa fin, ils peuvent continuer à durer.

    Elle entre finalement dans l’église. Celle-ci a été construite à la commande d’un croisé à son retour de Terre Sainte, circulaire comme le Saint Sépulcre de Jérusalem. Un cardinal y aurait déposé une relique du sang du christ, c’est alors devenu un lieu de pèlerinage. Le sang du christ, quelle folie !

    Là au centre, dans un cercueil en verre, Il gît sans vie. Une nausée lui soulève le cœur : « Que fais tu là, Rabi, mon pauvre ami ? N’ont-ils pas dit que tu étais ressuscité, pourquoi, te présenter en cette condition ? Tu leur sers d’alibi, c’est sûr ! Ils profitent de ton silence depuis que tu n’as plus de grandes colères pour leur dire leurs quatre vérités. Que tout cela est laid ! »

    La voilà vide, elle peut poursuivre son chemin.


    A Mouhers, charmant petit village, j’ai pris une collation dans un restaurant, et me voici autorisée à planter la tente sur la pelouse. J’ai même accès à un point d’eau, et ça c’est un grand bienfait.

    Demain, je passerai à St Plantaire, à cause du nom et de mes voûtes plantaires. Les rafraîchir à l’air libre, n’apporte qu’un bref soulagement, et me fait perdre beaucoup de temps. Après tout, je ne risque rien.

    Voilà, la journée est finie, plus rien à faire, plus de pensées, plus de tension, le sommeil descend au rythme du grand astre se fondant à la ligne d’horizon, doucement, doucement…

     


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