• Dimanche

    Il pleut ce matin, départ grandiose, puis the fog. J'ai fait une pose dans un verger de châtaigniers, des arbres plus que centenaires, et quel parfum ! Posée sous un de ces arbres de la sagesse, je les ai vu arrivés...

    Patricia et le cavalier brésilien, il tenait son cheval aux rênes. J'ai déjà rencontré cet homme sur le chemin qui menait à Fromista. Il a si fier allure dans son costume ! Ils se sont arrêtés, je les regardais, ils ne me voyaient pas, ils se parlaient, puis : baise main, et le voilà qui s’en va la bénissant d’un geste solennel.


    Arrêt à
    Molinaseca, jolie petite ville. Et le soir descend sans que rien ne presse sur Ponferrada et son château des templiers.


    Sur le chemin de St Jacques
    Je suis allée en toute confiance.
    J’ai vu tant de beauté
    Qui s’enflent et s’élèvent au ciel
    J’ai tout pris, la joie, la peine
    J’ai tout accepté.

     


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  • Parfois sur le camino passe un troupeau de pèlerins, ça braille, ça chahute, comme des enfants joyeux, et turbulents, ils vont le pas alerte et décidé.
    Rester ouverte dans ma différence, cela redevient possible, et je retrouve le goût du tendre, l’effet comique de certaines situations. Témoin silencieux de tant de scènes de la vie courante, avec affection pour ces inconnus.
    Cette femme qui sort de chez elle pour aller jardiner, l’outil à la main. Cet enfant à l’air triste au coin de la rue, le petit chat qui miaule, on le croirait perdu, celui là qui passe avec un si beau bouquet de fleurs sauvages en la main.
    Je suis ce chemin qui au loin serpente le mont, comme un dos de bossu.
    Ah, cet état de vulnérabilité qui fait que l’on reçoit tout au centuple, la gentillesse, et le rejet.

    J’ai rencontré mon petit espagnol « Qué tal », il s’est fait un copain, et il est en pleine forme. Une véritable métamorphose dans la joie. J’ai croisé aussi le cavalier Brésilien, ils ont fière allure, une image.


    Traversée de Foncebaden, ruines sur chemin de pierre. Le pèlerin avait, en ce village abandonné, rencontré une vieille femme et son fils. Sur ses annotations, la petite mère a glissé « Sont t-ils encore là ? » comme prendre des nouvelles de vieux amis.

    Je n’ai vu ni de fils, ni de mère en ce lieu, je n'ai vu que des pierres. Ici, je suis venue te dire : « Il est temps, maintenant, de faire un signe, de me tendre la main ou de m’abandonner à tout jamais ».

     

    Je passe la nuit à El Acebo où je retrouve Leïla, Patricia que j’ai rencontrée à Astorga, une israélienne, les trois allemands sympas, pépé a montré sa lune, il est tout gêné.

    Dans le dortoir des paravents offrent un peu d’intimité, je m’endors sans problème.

     


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  • Entre ciel et montagne, il y avait ce matin une ligne sombre de déchirure qui m’a prise toute entière.


    Me voici arrivée à Rabanal del Camino. je ne veux oublier, ni ce nom, ni ce lieu, ni ces visages. C’est la première fois que je me sens accueillie, bon je pense aux petites sœurs, et à d’autres c’est sûr, mais là…
    Un regard, un mot, une atmosphère, ici les hôtes parlent espagnol, mais aussi français, anglais, et chacun reçoit un peu de réconfort, on s’enquière de sa santé.

    Je suis si fatiguée, on m’a envoyée faire la sieste, et comme une enfant qui s’en remet, je dors jusqu’à cinqo. Et j’ai rêvé...

    Le chemin va-t-il me reprendre sur son dos ?

     


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  • Il y a ceux qui commencent le chemin, ils vont pattes blanches.
    Me voici à Astorga. j’ai décidé d’envoyer la tente à St Jacques. Il me faut m’alléger mais aussi marcher à la fraîche. Se laisser porter, ne pas s’opposer, mais s’adapter aux circonstances.

    Que c’est beau un sourire, depuis que Markus est parti, j’ai l’impression de ne plus avoir souri. Peut être en est t-il ainsi...

    Là où il y avait douceur et possible, il y a dureté et finitude. Là où il y avait rencontre, il y a le vide de l'absence.


    La vue est si belle, tu découvres la ville de la hauteur d'un Montjoie, où trône une belle croix bi-face.

     

    J’ai cru être seule alors au pied de la croix un élan : « Oh Grand esprit dont j’entends la voix dans toutes choses… » et là j’ai vu surgir de derrière le monument, un vieil homme un bouquet de thym à la main, il m’a parlé en espagnol. Je lui ai dit que je ne comprenais pas, il a continué à me parler, alors je l’ai écouté.
     

    Il voulait savoir de quel chemin je venais, j’ai eu un peu honte, mais je n’ai pas menti, du plus court celui qui longe la route.
    Dans la descente j’ai ri de la farce et un autre petit vieux m’a offert des cerises. Celui là parlait français, il voulait que je m’installe dans sa petite maison, il a voulu me toucher la main « pour St Jacques », deux fois il m’a touché la joue : «Toi, gentille», sa peau était rugueuse.


    Cet après midi, j’ai croisé des personnes plus tristes que moi. Il fait très, très chaud. A l’albergue j’ai retrouvé :

    - l’amie Australienne, aujourd’hui son chevalier servant n’est pas Dandy mais le petit Gandhi. Les choses ont l’air d’aller bon train pour eux

    - les deux jeunes finlandais, lui avec sa voix de basse qui semble toujours se plaindre, elle qui rit beaucoup à ce qu’il raconte.

    - le brésilien pas aimable a retrouvé sa femme et le sourire.


    Là, l’étau se desserre un peu et déjà je peux me projeter en douceur, en tendresse.
    Au loin, la montagne se précise, ce soir elle se détache distinctement à l'horizon, bien que ton sur ton.

    Lorsque je suis retournée au refuge, une fille du fond de son lit me fait un grand sourire, c'est Patricia. Elle commence le camino aujourd'hui.

     


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  • J’ai très bien dormi, il y a eu beaucoup de bruits du coté du refuge, dans la nuit des cavalcades « Oh la luna ! »

    Oui, la lune devait être belle, pleine, je suis restée au fond de ma couette dans cet état de repos, et entendre les bruits.


    Je me suis rendue à l’albergue pour chauffer le café, ils sont tous partis, laissant un tel désordre, la cuisine dans un état innommable, des détritus dans tous les sens. « Oh désolation ! »


    A Hospital de Orbigo, je choisi le refuge municipal, éloigné de la ville, mais très calme. Pour le moment je suis seule.
    Le chemin a été difficile, mais tout est difficile ces derniers jours. Pourtant du matin jusqu’au soir, le ciel a cette pureté incomparable. Vacuité !

     


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  • Faut t-il y croire ? Et pourtant je le jure c’est vrai, à la sortie de Léon, il y a un parc magnifique et un paon lance son cri « Léon, Léon ».
    Je vais doucement, bien obligé !

    La lune se couchait quand je me suis mise en route, elle a disparu peu à peu dans la brume matinale. Au bord du canal deux jeunes pies bavardaient.

    Au fond sur le chemin comme ailleurs ce qui est différent n’est pas accepté, celui qui n’intègre pas le groupe, en se tapant sur le ventre, en franche rigolade tardive, « Ah, ce qu’on est merveilleux !!!! ».
    Celui là n’est pas le bienvenu. C’est fou comme les humains n’aiment pas ce qui sort du troupeau.


    Le refuge est bondé, plus un espace de libre au sol.
    Et vlan, v’là Betty. Je lui ai piqué son lit, façon de parler, c’est l’hospitalière qui a fait l’erreur. Pas de problème, t’es ma sœur prend mon lit, je te laisse, relax, relax, qu’elle me fait avec condescendance.

    Trop, c’est trop, je lui redonne son lit, à côté de sa copine. Alors je demande un coin pour planter la tente, Betty est espagnol, mais elle parle anglais, je la charge de cette recherche. Elle ne cesse de me dire que si , que mais, je peux…
    Et me voilà, bénie des dieux, à regarder le ballet des cigognes dans le ciel, à attendre le coucher du soleil et qui sait attendre le lever de la lune.
    Au loin, comme de bas nuages, la montagne assombrit l’horizon. Le ciel est d’une limpidité à toute épreuve, j’entends Markus dire «No clouthes» C’est plus que ça Markus, c’est la vacuité, la lumière cristalline.


    Le petit espagnol « Quetal » est venu me trouver pour savoir. Je lui ai répondu en français, et chose étrange il semble avoir compris. N’ai-je pas compris ce matin que c’était son premier jour et qu’il avait les boules.
    Quelqu’un cette nuit a allumé la lumière, le vieux mexicain je crois, et Quetal s’est redressé « Quetal ? » avec une voix paniquée.

    Ici c’est Villar de Mazarife. Demain seulement 12 km pour rejoindre Hospital de Orbigo, à moins que je poursuive et que je fasse du camping sauvage. On verra.

     


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  • Folle, je suis folle, mes doigts sont tellement gourds, qu’ils n’ont plus de force. Pourquoi avoir ainsi laissé le froid te prendre jusqu’au plus profond de ton être ?

    Je te reconnais là, à cet entêtement. Et maintenant il va falloir des heures pour te réchauffer. N’oublie pas un corps maltraité empêche la libération, il crée l’ego.


    Me voici à Léon. Y a pas à dire quand plus rien ne va, s’arrêter, manger, ça retape sérieusement. Maintenant j’attends que l’auberge ouvre ses portes.

     

    La ville est bien belle, je vais aller en sa découverte, me trouver des sandales aussi pour soulager les pieds. Ils ne sont plus que moignons.

    Le mendiant a partagé, des deux gâteaux que je lui tendais, il m’en a offert un. J’ai visité le musée, et dans la douleur de chaque pas, j’ai ressenti au plus profond celle d’un autre temps, il était là assis, dans l’attente du moment où ils allaient le mettre en croix.


    A 16h personne dans les rues, à 19h ça pullule dans tous les coins. Pas de pacadillos à cette heure, tant pis pour moi, il ne reste plus qu’à rentrer clopin-clopant.

     


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